Perles de verre : un art très ancien

La découverte du travail du verre par les hommes est ancienne, et remonte à près de 5000 ans. Or, certaines sources archéologiques nous permettent aujourd’hui d’affirmer que les perles de verre étaient déjà façonnées par les verriers, il est d’ailleurs possible de trouver des traces de perles dans des endroits aussi éloignés que l’Asie, l’Europe et le Moyen Orient. La perle de verre étant principalement produite avec du ver soufflé, c’est surtout la découverte de cette technique qui va propulser l’utilisation de cette dernière dans des domaines assez variés : la décoration des habitats, la confection de vêtements et de bijoux, voir même comme une monnaie d’échange qui s’apparente à une monnaie fiduciaire que l’on connaît aujourd’hui.

Les perles de verre : un marché qui se déplace

La perle de verre est d’abord plutôt répandue au Moyen Orient, où elle est utilisée avant tout comme un accessoire de décoration. Avec l’intensification des échanges en Méditerranée, notamment sous l’influence de Venise, la perle de verre voit sa popularité croître très rapidement en Europe, et l’on verra bientôt un développement rapide de la fabrication locale de perles de verre.
Selon les époques, les centres de productions vont évoluer et certaines régions vont développer un savoir-faire spécifique, parfois jusqu’à prendre une position de quasi-monopole dans certaines régions. C’est le cas notamment de Murano (une île de la lagune vénitienne) dont les verriers seront particulièrement efficaces. La localisation de ces verreries donnera le nom aux perles Murano telles qu'on les désigne encore aujourd'hui.

Avec l’industrialisation des méthodes de production et le développement de nouvelles technologies, la perle de verre va opérer différentes mutations au cours de sa vie. Cependant les méthodes et les styles médiévaux développés par les Vénitiens sont encore utilisés aujourd’hui pour produire des perles d’exceptions.

A partir de la fin du Moyen Âge, les centres de production principaux sont concentrés autour de l’Italie, des Pays Bas et de la Bohème. Il est amusant de constater aujourd’hui que les perles Preciosa sont fabriquées dans une région qui appartient à la Bohème historique. A partir du XVIIème siècle, on observe un fort développement de la production de perles en France, mais cette partie de l’industrie verrière sera peu à peu délaissée au cours du siècle suivant.

Pourquoi la perle de verre a-t-elle connu une telle popularité ?

L’une des raisons majeures pour lesquelles la perle de verre à connue une telle popularité internationale, c’est sa praticité en tant que monnaie d’échange. En effet, peu chères à produire mais très appréciées des populations autochtones d’afriques et d’amérique, elles seront un outil d’échange commercial important à partir du démarrage de l’exploration européenne de ces territoires.

Les perles de verre seront tellement prisées qu’elles resteront une colonne vertébrale importante du commerce de ces régions. Il existe, par exemple, des traces historiques de l’utilisation de perles de verre comme monnaie d’échange pour des transactions entre des tribus d’Amérique du Nord, qui n’en produisaient pas eux-mêmes.

De plus, la diversité et la richesse des styles offerts par les perles de verre permettent une grande créativité lors de leur utilisation en tant que bijoux. On retrouve donc certaines perles dans des bijoux destinés à des parures religieuses en Amérique du Nord, car la symbolique des couleurs utilisées pour ces rituels se retrouvait dans les perles échangées par les trappeurs et les explorateurs franco-canadien. Il ne faut pas oublier que dans les décennies qui entourent la guerre de 7 ans, la majeure partie du commerce en Amérique du Nord entre les coureurs de bois et les tribus autochtones consiste à échanger des perles de verre et des outils contre des peaux de bêtes.

Perception de la perle de verre et notion de “pacotille”

A cause du faible coût de production des perles de verre et de l’apparent déséquilibre commercial entre les perles fournies et les peaux récupérées par les européens, la perle de verre à acquis au long de l’histoire une forte connotation de bijoux de pacotille, entendu dans un sens négatif. C’est dans l’imaginaire collectif, encore aujourd’hui, une notion qui reste fortement ancrée auprès du grand public. Vous pouvez lire notre histoire de la perle pour en savoir plus.

Pourtant la perle de verre peut réellement être un objet de très grande qualité, voire dans certains cas un objet artistique. En effet, les méthodes de fabrication peuvent être particulièrement complexes, et les matériaux qui sont ajoutés au verre pour le colorer peuvent faire grimper rapidement le prix des perles. Par exemple, le verre « aventurine » (verre à base de cuivre ayant un aspect doré) est très onéreux. De plus, les perles de verre font parfois l’objet de décorations particulièrement complexes, qui demandent un savoir-faire très particulier.

Sachant cela, vous serez moins étonné de découvrir des perles assimilés à des bijoux d’exceptions, que vous pouvez observer dans certains musées ou découvrir dans des boutiques actuelles.

La perle de verre aujourd’hui

La perle de verre aujourd’hui repose sur des techniques de fabrication plus modernes, mais la silice reste l’élément principal qui entre dans leur composition. Si certains centres de production sont toujours actifs en Europe, ils sont globalement moins nombreux que par le passé. Une grande partie de la production s’est déplacée en Asie ainsi que dans certaines parties d’Amérique du Nord. De plus, le marché de la perle s’est fortement internationalisé.

Pour les perles de verre de très grande qualité, Venise et l’Italie du nord reste l’un des lieux incontournables de la production artisanale de perles. La perle Murano bénéficie d’une très forte popularité, que ce soit chez les créateurs de bijoux ou chez les artisans de la mode. Nous ne listerons pas ici l’ensemble des types de perles de verre qui existent, mais sachez que la liste est bien plus longue que les quelques noms les plus connus que nous avons cité ici. La perle à chevron, par exemple, est très activement recherchée notamment par les collectionneurs historiques. Le principe de cette perle est qu’elle est constituée des jusqu’à 7 couches de verres auxquelles on peut apporter des traitements différents, ce qui permet d’obtenir un rendu esthétique très particulier. On l’appelle aussi la perle Rosetta. Il s’agit seulement d’un exemple parmi d’autres pour illustrer la richesse historique d’un objet comme la perle de verre et le maintien de l’engouement du public pour un tel accessoire de mode.